Mon cher Mirza
Les gueux populaciers ont donc choisi leur chef et sont allés en foule le dire dans des boîtes. Celui de la province à l'apparence joviale et cheveux colorés a bien mené son train et renvoyé au nord sa concurrente austère. Il est curieux de voir au sein de cette secte les anciens ennemis redevenus amis.
Les dévôts du calife s'en étranglent de rage. Le fournisseur de mots produit mille rafales lancés aux quatre vents par l'émir des Meldois. Il s'agite à tout va, dans toutes les postures, en toutes circonstances sans se préoccuper nullement des nuances. Il convoque de même une grande prière qu'il appelle convention pour réunir ses troupes et décocher des traits sur le dos de ce drôle qui n'est pas celui de ses meilleurs souhaits. Il parle de mollesse, de manque de courage, de trop de rêverie, de promesses trop folles, de manque de vertu dans ses visions des choses. Tout l'encontre du prince, que son nom soit béni!
C'est grande zizanie dans le parti des pieux qui se voit obligé des repenser les choses; le parti se nuance et en perd cohérence. On voit des humanistes s'afficher en plein jour à côté de ceux qui se disent populaires. Beaucoup de délégués craignent pour leur assise et embrouillent les choses.
Le calife plaît au ciel est hors de ce vulgaire, s'attache au prix des choses et des œuvres de l'art, s'émerveille du jaune, rencontre des enfants dans des écoles troyennes et attend descendance nous disent les gazettes.
C'en est grande merveille. Une telle quiétude sied bien à éminence.
Uzbek