Mon cher ami
Dans mes dernières épîtres je te
narrais l'extrème magnificence des fêtes du calife.
Les choses ont pris depuis une tout
autre tournure
Tu sais que les califes ici ne sont
point éternels. Ils doivent s'ouvrir au peuple pour asseoir leur
puissance. Cela se fait par jeu qu'on appelle élections et qui ont
force de loi dans les états qu'on dit démocratiques.
Chacun peut concourir.
Le calife il y a peu a fait connaître
à tous qu'il veut se succéder lors d'un discours tenu devant ses
gens de cour.
Les concurrents qui dans l'ombre
attendaient le signal et fourbissaient leurs armes se sont précipités
pour ouvrir la bataille.
On en vit un nouveau présenter son
programme pour le bonheur des gens. Il est fils d'un illustre et
pense tracer sillon dans les pas de son père.
Celui des petits pains connaît
apparemment période de repos avant d'autres manœuvres.
Celle qui cherche posture et dont
personne ne veut, annonce ses idées qui restent générales.
Celui du grand château a bien fourbi
ses armes et décoche des traits longuement préparés tout en
catimini et qu'il veut décisifs.
La choses est pleine de sel et mérite
qu'on la narre.
Le calife avait donc parmi ses
confidents celui chargé des bourses qui avait sa confiance. Le
mauvais a trahi par coup de basse traîtrise. On le vit annoncer
dans subtile rhétorique par toutes les gazettes qu'il soutenait un
autre tout en restant fidèle à son ancien Seigneur … Les gens de
bonne foi ont du mal à comprendre. La traîtrise toujours
s'embarrasse de mots.
Sur affiche géante composée tout
exprès, son visage irradié et tout sourire dehors sur costume
d'alpaga étalait sa puissance, frisant le ridicule.
Il roule carrosse de prix d'origine
allemande aux sièges tout en cuir et à grande douceur avec
télévision quand il fait marche arrière. Le contraste est extrême
avec le plus petit de celui du château qui ne tient que deux sièges
et qui doit supporter nombre publicités sur tout ses extérieurs.
Souvent petits marquis veulent jouer
les princes .
Toute la ville découvre à cette
occasion que le dit vertueux et donneur de leçons a trahi ses
serments devant ses électeurs. Au palais du calife les langues se
délient. Elles disent qu'après tout il était serviteur et que son
rôle ne consistait qu'à bien exécuter les ordres du calife.
Comme l'a dit un illustre en même
position « Le calife ordonne ! Son adjoint exécute »
Certaines racontent même qu'il fut
très peu présent `tout au long du mandat pour fournir son travail
et qu'il ne voulait point de bureau pour poser ses dossiers malgré
pièces disponibles.
Le calife quant à lui voit les choses
en sagesse. Il dit que trahison est marque de faiblesse et que bonne
politique nécessite vertus qui respectent parole et donnent
confiance aux gens. C'est pur respect du peuple. Les mesquines
manœuvres de basse politique déshonorent et desservent tous leurs
protagonistes.
Voilà mon cher Uzbek ce que je voulais
dire. Tu vois que trahisons sont choses universelles. Nous en avons
connu nous aussi au pays et nous savons tous deux comment elles ont
fini.
Je t'embrasse mon ami.
Uzbek